HAUT LANGUEDOC JUDO

HAUT LANGUEDOC JUDO

JITA YUWA KYOEI par "Maître Seïjun" Madame Awazu

Entraide et prospérité mutuelle...?

Le judo, les japonais et nous


Article publié dans le bulletin d'information des ceintures noires , par "Maître Seïjun" Madame Awazu.

La pratique des arts martiaux est sans doute aussi ancienne que l'homme ou presque : et l'utilisation de cette pratique pour développer les qualités humaines, arriver à la connaissance de soi et de l'humanité, sans doute aussi ancienne.

Ce qui ne veut pas dire que tous les pratiquants d'arts martiaux étudient dans ce but. Il y a bien longtemps, le moine TAKUAN, le maître zen de MIYAMOTO MUSASHI, disait déjà : "Oh!des porteurs de sabres, il y en a beaucoup. Mais de ceux qui suivent réellement la voie du sabre, il y en a vraiment très peu."

Nous devons au génie de Maître JIGORO KANO la mise en forme "moderne" et l'enseignement du message universel contenu dans le ju jitsu. Il a condensé ce message en l'appelant  JUDO, principe ou voie de la souplesse, et l'a explicité dans la formule SEIRYOKU ZEN YO, meilleure utilisation de l'énergie.

Le JUDO et les autres DO sont venus du Japon.C'est principalement à partir de ce pays, parce qu'ils y étaient restés vivants, que leur pratique s'est répandue dans notre monde occidental depuis le début de ce siècle (20ème). Ils sont venus du Japon et donc par définition, si l'on peut dire, imprégnés,façonnés, structurés, par ce quel'on pourrait appeler d'une manière un peu imprécise,"l'esprit japonais".

Or, s'il nous est facile(relativement!) de comprendre l'aspect universel des arts martiaux, il nous est beaucoup moins facile et même quelquefois impossible, de comprendre leur aspect spécifiquement japonais. C'est que les japonais ont une caractéristique tout à fait particulière: ils sont avant tout....japonais!

Ce qui veut dire qu'ils sont le produit d'un héritage socioculturel, d'une éducation, d'un environnement religieux, d'une géographie, d'un climat, d'une histoire, tout à fait particulières.

Bref, pour employer un jargon de notre temps, le japonais vit dans un cadre de référence qui lui est propre . Le problème, c'est que nous vivons dans notre propre cadre de référence, tout aussi spécifique, et que ces deux cadres n'ont que très peu de points communs . Si nous voulons comprendre ce qui est spécifiquement japonais, il nous faut absolument abandonner notre "cadre de référence" et pénétrer dans le "cadre" japonais. Ce qui est beaucoup plus facile à dire qu'a faire!!

Maître JIGORO KANO, ayant nommé JUDO un principe universel et l'ayant explicité par la formule SERYOKU ZEN YO,il l'a complété par une autre formule:  JITA YUWA KYOEI . Nous traduisons généralement " entraide et prospérité mutuelle" et comprenons selon notre cadre de référence, comme " il faut s'aider les uns les autres" ou "un pour tous, tous pour un" ou encore " sans partenaire, pas de Judo possible" ou bien " unissons nos forces pour un même but", "sans adversaire, pas de combat", " chacun est indispensable aux autres" etc.

Si nous prenons la peine de " nous oublier" et d'essayer de pénétrer dans le cadre "cadre de référence" japonais, cette formule prend une résonance toute différente, et une dimension impressionnante.

"Le japon est une société moderne où l'on édicte des lois et signe des contrats.Mais beaucoup de choses importantes y restent du domaine du devoir moral que l'on choisit de remplir, pour respecter certaines valeurs, préserver l'harmonie et se conformer aussi à certaines pressions sociales du groupe auquel on appartient" (Octave Gélinier.Les quatre saisons Art.)

La société japonaise n'est pas structurée comme la notre. Sa structure est verticale, par opposition à la nôtre qui est horizontale. C'est à dire qu'un menuisier japonais ou un professeur d'université, ne se sentent pas appartenir au groupe des menuisiers ou à celui des professeurs. Ils se sentent faire partie d'une "famille", par exemple, la Takoda Co où travaille le menuisier et la Yoshihatsu University où enseigne le professeur.

C'est l'héritage du concept ié: à l'origine groupe familial, puis groupe féodal, tous deux fortement hiérarchisés. Parallèlement, hérité de l'idéal chevaleresque, le japonais a le sentiment de la supériorité de l'éthique sur le droit. Il semble d'ailleurs que le mot "droit" n'existait pas dans la langue japonaise jusqu'a la fin du XIX ème siècle. De ce fait il préfère le devoir moral et les obligations personnelles aux obligations juridiques.

(suite et fin au prochain numéro)







01/05/2010
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